Savoirs en chemin

Quelle Chance !


“Life is what happen when you are too busy making another plan”

YOKO San de YURANONOMORI citant John Lennon


Me voilà de retour à l’écrit ! Et quoi de mieux pour la reprise qu’un petit bilan ? Un an et quelques mois ont passé depuis le début de l’aventure. Période au cours de laquelle j’ai pu joindre France et Japon par la terre et la mer, explorer durant quelques semaines Russie et Mongolie, m’imprégner de la Chine urbaine pendant cinq mois et vivre six mois dans la campagne nippone. Le tout en suivant les us et coutumes locales et traditionnelles, bien loin des sentiers battus, de nos habitudes douillettes occidentales et, comme vous avez pu le voir, de la connectivité nécessaire à l’avancée de ce site internet.

Fait remarquable, dans tout cela, il n’y eu pas un problème, pas une maladie et une quantité surprenante de belles histoires et de rencontres extraordinaires ! D’autant plus remarquable qu’une bonne partie de ce périple fut improvisé au gré du vent et soumis, de ce fait, aux imprévus les plus divers.

Quelle chance j’ai eu ! On me l’a répété bien souvent d’ailleurs, dans chacun des lieux où je suis passé : Chance de ne pas avoir eu de soucis malgré les aspects, disons, très folkloriques de certaines aventures, chance de pouvoir vivre librement, et bien d’autres chances encore.

Finissant presque par y croire moi-même, mes réflexions oscillaient entre cette succession d’heureux évènements à peine croyable et ce que je pouvais voir autour de moi. Suis-je plus chanceux que d’autres à qui il arrive tuile sur tuile ? Suis-je plus béni que la moyenne car il semble normal pour tous d’affronter régulièrement des moments sombres ? Attribuer à la chance (ou à la religion) ce qui nous arrive de positif ou négatif est très courant non seulement chez nous mais dans toutes les cultures que j’ai eu la “chance” de rencontrer du Maghreb au Japon, quelque soit le milieu ou le niveau de vie.
Cette chance, ce hasard positif ou négatif, existe-t-il vraiment ?

Plus ma réflexion avance et plus je pense que l’on peut décider de faire de cette chance son amie. La chance est par définition un hasard favorable, autrement dit, rien d’autre qu’une série d’évènements que notre cerveau ne peut appréhender, comprendre ou prédire. Échapper à un accident, ne pas tomber malade, faire une belle rencontre, trouver un lieu magnifique, recevoir un cadeau inattendu, voir ses projets réussir sont de bons exemples de processus aux données d’une telle complexité que l’on ne peut vraiment les planifier. Et on attribue généralement leur occurence à la chance. Or il me semble que même si il y aura toujours une part de hasard incontrolable, il est possible de piper considérablement les dés !

Comment ? Voilà une question à la réponse tout aussi précieuse que complexe. Il serait de fait bien hasardeux de tenter une réponse générale. Mais, comme je mise sur le réveil de vos réactions sur ce blog trop longtemps endormi, ouvrir l’échange en proposant une réponse certe trop simpliste aura le mérite d’initier un échange qui s’annonce amusant !

Les évènements heureux ou malheureux de nos vies tiennent à bien peu de choses au final, notamment une bonne santé, physique et mentale, de bonnes relations sociales, pouvoir accomplir ce qui nous plaît réellement. En partant de là, on s’apperçoit rapidement qu’en jouant avec ces dimensions, on pourra au choix, accentuer nos problèmes ou faire ami-ami avec la chance ! Ainsi,

  • Connaitre son corps, être capable de l’utiliser dans son ensemble est la clé pour éviter bien des accidents et être nettement plus efficace dans tout ce que l’on entreprend.
  • Comprendre la médecine préventive ou développer une bonne hygiène de vie et renforcer les défenses de son corps peuvent tenir à distance la plupart des maladies courantes.
  • S’en tenir à quelques règles simples dans ses interactions avec autrui donnera une teinte positive à l’ensemble de nos relations.
  • Faire les choix que l’on souhaite vraiment et non pas ceux dictés par la norme, la contrainte ou la peur amènera plus de sens dans nos vies.
  • Avec une posture d’esprit adéquat, les éventuels encombres rencontrés nous glisseront dessus sans nous atteindre.

Alors oui, les quelques lignes qui précèdent sonnent presque comme les petites annonces magiques de quelque gourou africain. Elles nécessiteraient un peu plus d’explications mais ce n’est pas le propos de cet article.
En d’autres termes, on est face un bon gros effet boule de neige à double pente :

  • Sur la mauvaise pente, on sera tiré ineluctablement vers le bas par l’oeuvre collective et efficace de la fatigue d’un travail dénué de sens, de tensions avec l’entourrage, de mauvaise alimentation et de bien d’autres maux potentiels.
  • À l’inverse, entrainé dans la dynamique favorable décrite plus haut, on pourra voir la chance nous sourire à chaque coin de rue.

Cependant, un dernier ingrédient me semble essentiel dans la réflexion. Si l’on veut maximiser sa chance, il est nécessaire de lui laisser … sa chance ! En effet, comment pourrait-il y avoir de hasard heureux si on ne lui laisse pas de place ?
Le hasard est perçu aujourd’hui comme négatif, une insécurité ou un inconfort. Et nous avons oeuvré petit à petit à le retirer autant que possible de nos vies. On ne discute quasiment plus avec les inconnus. Consulter la météo est une action réalisée plusieurs fois par jour. On planifie chaque détails de ses déplacements, de ses voyages. On emporte avec nous nos habitudes, nos modes de vie où que l’on aille. La première réaction aux imprévus est bien souvent négative.
Pourtant, en inversant la tendance, en adoptant une dynamique favorable et en redonnant de la place au hasard, il sublimera plus souvent qu’on ne le croit notre quotidien !

Toute la difficulté restante réside dans l’équilibre entre la planification et l’improvisation. J’en suis là et l’expérience est à suivre…

Note de nuance : Afin de préserver la pertinence de cet article, je nuance ici ma formule du “Tout a été parfait”.
En retraçant cette année passée, je peux dénombrer deux passages moins heureux que le reste. Ce n’est certes pas beaucoup, mais utile à souligner pour la crédibilité de cet article. Et oui, nulle aventure est parfaite. La simplification dans les propos que je tiens ci-dessus tient à la concision requise par l’écriture et au fait que ces deux passes négatives sont toutes deux étroitement liés à des évènements, relativement, bien plus heureux, si bien que le mal en question semble peser bien léger dans la balance. Et puis, on entre là dans la part résiduelle de hasard que l’on ne pourra jamais contrôler et qui pimente la vie !