Savoirs en chemin

Conseils Transsiberiens


Usage de la fenêtre, Inviter la beauté à entrer et laisser l’inspiration sortir.

Sylvain Tesson - Dans les forêts de Sibérie


Ce mode d’emploi d’une fenêtre prend tout son sens dans des moments comme ceux passés à bord du transsibérien.

Pour certains, emprunter ce train représente un rêve de longue date, pour d’autres, comme ce fut le cas pour moi, c’était avant tout un moyen de se rendre en Chine à vitesse raisonnée. Dans les deux cas, cette expérience restera une bien belle aventure !

Panorama sur gare

Il sera question aujourd’hui d’un petit medley de conseils et d’astuces pour qui veut monter dans ce train voire même simplement traverser les pays en question. Loin de moi l’idée de faire un guide complet tel qu’il en existe déjà sur la blogo-voyageo-sphère, mais plutôt une simple liste d’éléments et de ressources qui, à posteriori, me semblent essentiels.

Pourquoi faire ce voyage ?

Question qui a son importance car suivant l’angle de vue, le périple peut prendre des couleurs bien différentes. En effet, si je prends l’avis de monsieur Martin, qui n’est autre que la fusion de plusieurs personnes rencontrées en chemin, le transsibérien est : coûteux, difficile à organiser surtout si l’on souhaite réduire le premier point, lent, inconfortable, odorant, anti-gastronomique, attrape touristes, rempli de gens froids et entouré de forêts à perte de vue tout le temps !

Tandis qu’avec le bon ajustement de l’esprit, la perception peut être tout autre. On se laissera bercer par ces forêts aux tailles démesurées, par la succession des gares russes à l’architecture russe, par le mouvement du train bien sûr ou encore par le décalage progressif du fuseau horaire. On appréciera l’effet de cette atmosphère envoutante associée aux longues heures de trajet sur nos pensées qui s’en trouveront bien prolifiques. On s’imprègnera des différents peuples rencontrés au fil du chemin pour mieux s’amuser à enjamber leur barrière de froideur, découvrir des coeurs chaleureux et faire naître de belles amitiés.
…Et on aura les yeux qui brillent aussi à l’idée de retrouver une vraie chambre.

Ressources utiles

Pas le voyage le plus simple à préparer. Une bonne documentation vous évitera pas mal de déboires, réduira certainement vos frais et vous permettra de mieux cibler la forme qui convient à vos attentes. Certains l’ont fait avant moi, voici quelques liens qui regroupent l’essentiel. Avec le recul, certaines informations non présentes ou peu mises en valeur m’auraient été bien utiles, j’en fais une petite liste dans la suite de l’article.

  • Le blog “Le sac à dos” : Francophone, de bons conseils imagés et le reste du blog contient bon nombre d’astuces intéressantes pour les voyageurs.
  • Le site seat61 : Anglophone, semble être la bible pour qui veut organiser son transsibérien.
  • Le site Real Russia : utile pour identifier à l’avance les trains et sièges.

Visas !

En partant depuis Paris pour emprunter le transmongole, quatre visas m’ont été nécessaires : le biélorusse, l’oublié des voyageurs, la russe, le complexe m’ayant presque annulé mon voyage, le mongol, le sympa parmi les quatre et le chinois. Deux options : les obtenir tous en France auquel cas il vous faudra faire les démarches en un temps restreint car les centres de visas refusent les demandes trop anticipées, ou les obtenir en chemin si vous n’êtes pas trop pressés et aimez le risque. En effet, j’ai rencontré en Mongolie bon nombre de voyageurs désespérés et obligés de revoir le plan de leur voyage car la Chine venait tout juste et sans raison de décider de ne plus attribuer de visas aux étrangers dans ses pays limitrophes.

Un point à ne pas négliger, c’est leur poid dans le budget total : plus de la moitié dans mon cas soit 550 euros. En suivant les bons conseils, vous pourrez optimiser le coût des billets de train, mais les visas restent peu compressibles même si le sort a gonflé le prix des miens.

On pourrait vouloir optimiser ce coût en réalisant les démarches soi-même plutôt que de passer par une agence spécialisée qui ajoute sa marge. Ce serait sans compter sur la qualification du transsibérien par les agences de visas de voyage “original et courageux” ; presque amusant si cela n’était pas signe d’impasse. Mon conseil est de ne pas faire cela. Les démarches sont à ce point complexes que vous allez passer de longues heures de travail et de déplacement vers les services de visas pour finir par vous rabattre sur les agences, probablement seules capables de lever les barrières que vous aurez rencontrées. Sans mauvaise surprise, vous vous en sortirez ainsi pour environ 480 euros suivant l’agence que vous aurez sélectionnée avec une marge d’environ 160 euros pour l’agence.

Acheter les billets

Si vous souhaitez l’immersion avec les populations locales, il faut savoir qu’il est aisé de se retrouver noyé au milieu des touristes suivant les choix que l’on fait.

Première astuce, prenez systématiquement la classe la plus basse. En Russie, c’est la troisième et se nomme platzkartz, sorte de wagon non compartimenté où s’entassent près de 50 lits avec leurs occupants. Certaines ressources qualifient le voyage en platzkartz d’aventure éprouvante au milieu du bruit et des mauvaises odeurs. J’y ai passé trois jours entre Moscou et Irkoutsk. Ce fut pour moi le segment du voyage le plus immersif tout en étant fort agréable. Je reviendrai là dessus dans un futur article.

Seconde astuce, ne passez pas par les agences pour acheter vos billets. C’est plus simple certes, mais aussi plus cher. Et surtout, ce que j’ai remarqué au cours de mon voyage, c’est qu’elles achètent des lots de places aux compagnies féroviaires pour les revendre aux touristes. La conséquence directe est que les touristes se retrouvent parqués ensemble. Moscou - Irkoustk, acheté par le biais d’un ami en Russie directement à la gare, j’étais quasiment le seul non russe à bord du wagon. Irkoutsk - UlanBator, plus de platzkartz mais des compartiments de quatre, tous les touristes étaient une fois de plus regroupés quand j’étais de mon coté dans un compartiment rempli de mongoles fort chaleureux. Ulan Bator - Pékin, j’ai dû passer par une agence ce qui donna un plongeon dans un wagon cent pour cent touristique, très agréable aussi au demeurant. Cela dépend de ce que vous recherchez.

Ambiance paticulière dans le “Platskartz” la nuit

Briseurs de glace

On a souvent tendance à négliger ce point là dans nos voyages. Voyager, c’est partir à la rencontre d’autres peuples, d’autres cultures, parfois pas forcément faciles d’accès, et grandir mutuellement dans l’échange ! Pour toutes ces raisons, il est important de penser à emmener des objets, des savoirs, des jeux qui vous permettront de tisser du lien. Acquérir au préalable quelques bases rudimentaires dans les langues rencontrées est aussi un bel effort d’adaptation de votre part. C’est particulièrement important dans un voyage comme le transsibérien où vous allez rester enfermés de longues journées en tête à tête avec un peuple pas forcément facile au premier abord !