Savoirs en chemin

Neo Renaissance


Où l’on apprendra que un et un font dorénavant trois, que la plus grande bibliothèque de tous les temps est en train de brûler et que le déchet serait une espèce en voie d’extinction !


Le savoir est avant tout collectif. Cela fait partie de l’essence de savoirsenchemin.net qui a pour but de transmettre des savoirs et d’inciter à une réflexion collective. Il y aura donc d’autres contenus que les miens dans ces articles !

Il est question aujourd’hui d’une vidéo, qui me vient de Richard, ami de longue date, patriarche des lombriques, essayiste mycélien et Napoléon des rats pillards - comprendra qui pourra !
Merci bien pour ce partage à l’origine de ces quelques lignes.

Un format simple pour cet article, une mise en bouche rapide, le contenu partagé et quelques réflexions personnelles afin d’initier un échange avec vous dans les commentaires. Cette dernière partie peut vous “spoiler” la vidéo si vous la lisez en anticipé, à vous de voir.

Place donc à la vidéo avec néanmoins une petite remarque de pré-visionnage pour les plus récalcitrants d’entre vous. Vous remarquerez que cette vidéo est d’une longueur certaine, mais il serait en fait dommage de vous arrêter à cela ! Idriss Aberkane réussit là à conter une histoire

  • émaillée de savoirs intéressants et utiles,
  • mettant en cohérence trois grands domaines à l’origine d’une renaissance en cours de notre société,
  • jouant habilement avec votre attention la gardant éveillée tout le temps du récit,

Voyez donc cette vidéo comme un bon petit film avec plein de surprises et d’où vous en ressortirez littéralement plus riche selon les nouvelles règles du jeux de notre économie…

Il est donc question d’économie de la connaissance, de biomimétisme, de la blue economy, voisine de l’économie circulaire, et surtout de leur danse collective qui serait en train de générer une nouvelle ère de renaissance pour notre société.

Faisons de l’union des savoirs !

On est toujours curieux d’entendre l’opinion du conférencier sur les questions qu’il a éveillées en nous. Cette fois-ci, cependant, j’ai de plus grandes attentes encore dans une autre direction.


Savoir ( Gertrude et Ortance ) > Savoir ( Gertrude ) et Savoir ( Ortance )

*d’autant plus vrai lorsque Gertrude et Ortance diffèrent grandement, tout en s’entendant bien-sûr


Cette règle géniale applicable aux savoirs fait de cet espace savoirsenchemin.net une belle opportunité. En effet, je sais, pour connaître la majorité des lecteurs de ce jeune site web, que vous représentez un panel de contributeurs potentiels bienveillants et issus de sphères sociales, culturelles, scientifiques, technologiques, spirituelles (etc.) très différentes. Débatre ensemble et échanger nos savoirs peut donc avoir des résultats surprenants !

Graines de discussions

Voici donc quelques réflexions personnelles pour commencer.

J’ai voulu partager cette conférence car même si certains points me font grincer, on a là une synthèse fort instructive sur plusieurs sujets qui font la raison d’être de ce site web : les savoirs, leur acquisition et leur gestion, l’évolution de la société ou encore le fait de repenser nos activités humaines… En outre, même si l’on connait ces trois tendances majeures de notre société, j’ai apprécié leur mise en relation dans un tout cohérent donnant une esquisse sérieuse et excitante de notre société à venir. Avoir conscience de ces évolutions me semble une nécessité pour tous.

Une idée qui m’a particulièrement plu : les nouveaux puits de ‘‘pétrole’‘.
Le nouveau paradigme de l’économie de la connaissance place les savoirs comme ressource centrale, principal facteur de richesse et de croissance. L’essort du biomimétisme a permis la redécouverte du potentiel quasi-infini et inexploité des savoirs présents dans la nature qui nous entoure. Voilà deux évolutions qui, unies, conduisent à la conclusion suivante : finie la période où les derricks étaient symbole de richesse, témoignage de notre capacité à se fournir en énergies fossiles.
L’eldorado d’aujourd’hui et de demain évolue vers notre capacité à étudier la nature, en particulier ses pans immenses encore inconnus de l’être humain, et à exploiter ces nouveaux savoirs. Remplacez simplement dans votre esprit le derrick par une station d’observation des océans, des couches hautes des forêts tropicales et de bien d’autres choses encore.
J’aime cette idée que la quête de savoir devient synonyme de richesse ; j’entends cependant à ce dernier mot un sens plus large qu’il n’y parait dans la vidéo. C’est là justement la dernière critique que je souhaitais émettre.

plusieurs dimensions, plusieurs profondeurs

Ce qui me semble manquer à la vision donnée : une couche d’éthique ou d’analyse philosophique peut-être.
Deux points de son discours me font particulièrement ressentir cela. D’une part, lorsqu’il est question des facteurs de cette transition en cours, l’accent est lourdement mis sur les profits à en tirer et le potentiel de croissance que cela représente. D’autre part, ces trois tendances sont présentées comme l’aboutissement, ou tout du moins la preuve de faisabilité, d’un développement durable de notre société. Se faisant il est également démontré que l’idée de la Décroissance prônée par certains en raison de la limitation de notre monde n’est pas nécessaire car, selon ce nouveau paradigme, la ressource première de cette nouvelle économie, le savoir, devient infini et offre des possibilités sans limite.
Certes, les promesses d’un impact réduit de notre activité sur l’environnement semblent sérieuses. Certes, une approche complètement circulaire de notre économie pourrait assurer une certaine pérennité des ressources matérielles nécessaires à un avenir florissant. Et il est vrai également que, si l’on veut amener un changement aujourd’hui à la fois dans l’esprit des gens et dans les stratégies des organisations de ce monde, le levier du profit et celui d’une croissance sans limite sont deux belles armes bien séduisantes.
Cependant, nombreux dans l’histoire sont les exemples de belles idées qui tout en apportant leur lot de positif furent accompagnées de leur part d’ombre.
Ainsi, l’ère industrielle sous l’impulsion de quelques technologies (et de quelques guerres) a donné un élan sans précédant à notre monde en repoussant toutes les barrières techniques, scientifiques, médicales (etc.). Nos ressources étaient alors infinie, point de limites environnementale voire même sociale parfois hélas. Le seul cap pour toutes les organisations humaines qui dirigeaient ce monde était la croissance économique, le profit financier.
Quelques décénnies plus tard, nous réalisons l’ampleur du coût humain et environnemental de cette vision limitée à la seule croissance économique. Attention à ne pas reproduire le même genre d’erreur avec cette nouvelle renaissance pleine de bonnes augures mais qui, mal appréhendée, pourrait se retrouver bien bancale et ne représenter qu’une nième fuite en avant technologique.

Le Développement Durable ne traite pas seulement d’une meilleure intégration de la société humaine dans la nature. Pierre Rabhi et les ‘‘décroissants’’, tout mal choisi qu’est ce terme, ne rejettent pas le concept de croissance permanente uniquement parce qu’elle est impossible sur le plan physique. Ces deux courants insistent, avec un discours et un niveau d’engagement propre à chacun, sur l’importance d’une approche globale. L’un souligne la nécessité d’inclure une dimension sociale qui n’est que peu visible dans cette nouvelle renaissance annoncée. L’autre partage ce premier point et questionne également l’implication, pour l’esprit humain, d’une quête de croissance économique infinie quand le bonheur semble s’attacher à une certaine sobriété de l’esprit. Peut-être pourrait-on compléter les trois dimensions de cette nouvelle renaissance que sont, l’économie de la connaissance, le biomimétisme et l’économie circulaire par une quatrième : la sobriété heureuse dont parle Pierre Rabhi justement !

Mise à jour de l’article - 31 octobre 2016

L’objectivité est fondamentale dans la recherche de savoirs. Même si nous pourrions avoir de longues discussions sur le caractère utopique ou non d’une complète objectivité, nous pouvons au moins essayer de tendre vers celle-ci !

Depuis la publication de cette article, j’ai pris connaissance de données sur l’auteur de la conférence qui m’avaient échappé lors de mes recherches préliminaires. Il se trouve que le personnage fait de plus en plus débat dans la sphère scientifique, non pas sur le fond du message mais plus sur son parcours. Deux articles de sources diverses illustrent cela : un billet sur le blog Eco Sapiens et un article de la rubrique blog de Libération. Et voici la réponse de l’auteur.

Cependant, je décide de quand même laisser cet article en ligne car le fond reste dans l’ensemble très intéressant et d’actualité. Cela reste une source de réflexion collective prometteuse et j’ajouterai que cette dernière polémique a son intérêt également. En effet, elle soulève des problématiques intéressantes sur les liens entre recherche, média et techniques de communication. Vous voilà avertis !